Visite guidée de leur parcours en 9 étapes, en compagnie du responsable des opérations, Jean-Marc Conus.
1. Turbinage
Avant d’entamer leur chemin dans les méandres de la STEP, les eaux usées en provenance de Verbier sont turbinées. L’énergie ainsi produite alimente les installations de Profray. A savoir que la STEP de Verbier a été fermée en 2014, et entièrement assainie depuis.
2. Dégrillage
Les déchets solides que l’on retrouve dans les eaux usées, celles qui ont été turbinées précédemment ainsi que celles en provenance de la vallée, sont tout d’abord retenus à l’aide d’un tamis déroulant. « Chaque année, trente tonnes de déchets sont collectées, compactées et emballées pour être valorisées à la SATOM. Les déchets les plus courants sont les lingettes humides et les restes alimentaires. Le plus insolite? Un appareil dentaire ! » Plus loin, un tamis plus fin servira à filtrer davantage l’eau, en retenant certaines fibres et déchets encore présents.
3. Dégraissage
Après avoir retiré les plus gros détritus, il est temps de s’occuper des graisses, présentes typiquement dans l’eau de vaisselle. « Nous injectons de l’air afin de permettre aux graisses, plus légères que l’eau, de remonter à la surface. Elles seront valorisées plus tard dans un digesteur pour produire du biogaz. »
4. Coagulation et floculation
Du chlorure ferrique, avec une charge électrostatique positive, est ajouté. Il va agir sur le phosphore, chargé négativement, et le précipiter au fond du bassin. « Il est important d’éliminer cette substance, particulièrement nocive pour nos cours d’eau. Par l’ajout d’un polymère, nous nous attaquons également à la pollution particulaire des eaux usées. »
5. Décantation
« L’eau est déjà ici beaucoup plus claire, puisque débarrassée d’une grande partie des déchets et particules. Nous collectons les boues d’épuration déposées au fond du décanteur pour les traiter dans une filière spécifique. »
6. Biofiltration
Bien que claire, l’eau présente encore une pollution dissoute, qui ne peut pas être traitée de manière mécanique. « Nous la traitons donc de manière biologique dans ces grands bassins
remplis de petites billes d’argile sur lesquelles prolifèrent des
bactéries. En se nourrissant de la pollution contenue dans l’eau, cette biomasse agit comme un filtre naturel. » L’eau est ensuite transférée dans d’autres bassins dotés de billes de polystyrène en guise de support de bactéries, qui vont s’attaquer à l’ammonium.
7. Rejet à la Dranse
Après un traitement pouvant varier entre 2 et 12 heures selon la période de l’année, les eaux usées quittent la STEP. « Notre objectif est de restituer à la Dranse l’eau la plus propre possible.»
8. Digestion et méthanisation
Deux digesteurs de 800 m3 recueillent les boues d’épuration. La température y est maintenue à 37°C pour permettre aux bactéries de bien travailler et de transformer la matière organique en méthane. « Nous récupérons ce biogaz pour chauffer nos bâtiments, maintenir à température les digesteurs et générer de l’électricité. Notre STEP est entièrement autonome
énergétiquement. Nous produisons 1,7 fois plus d’énergie que nous en consommons. »
9. Valorisation des boues
« Les boues restent en moyenne 30 jours dans les digesteurs au pic de notre activité en hiver, et le double en été. Nous en extrayons 150 m3 par jour en pleine charge, puis nous les déshydratons pour en diviser le volume par 20. » D’un noir charbon et à l’odeur légèrement âcre, ces boues déshydratées ont la consistance d’une pâte à modeler. « Elles contiennent encore 70% d’eau et sont un concentré de toute la pollution que l’on a filtrée durant le traitement. » Chaque année, près de 800 tonnes de boues déshydratées sont collectées, puis valorisées à la SATOM.
Mais encore…
Des eaux passées au peigne fin
Les échantillons prélevés chaque trois jours à différentes étapes du traitement sont analysés dans le laboratoire interne pour déterminer la concentration d’azote, de carbone ou de phosphore, par exemple. « Nous transmettons annuellement nos résultats au Service cantonal de l’environnement. Ces contrôles nous permettent de vérifier le rendement de la STEP ainsi que le respect des normes légales. Toutes les personnes qui participent à l’exploitation sont habilitées à réaliser ces analyses. Nadia et Martine, nos laborantines, sont en outre formées à l’analyse de l’eau potable. »
Mesures en continu
D’une capacité de 60’000 équivalents-habitants, la STEP de Profray ne tourne pas toute l’année à plein régime. « Nous sommes dimensionnés pour pouvoir absorber le pic hivernal, lorsque Verbier dépasse la barre des 50’000 habitants. Nos installations sont donc flexibles. Nous mesurons en continu la concentration de polluants ainsi que le volume d’eau pour adapter, si nécessaire, les différentes étapes de traitement. »
Trois gestes pour réduire la pollution des eaux
- Économiser l’eau. Toute l’eau qui ne termine pas sa course dans les égouts n’a pas besoin d’être traitée à la STEP.
- Éviter de jeter des déchets solides dans votre évier ou vos WC, tels que les restes de nourriture ou les lingettes humides.
- Privilégier les produits d’entretien et savons biodégradables.
Le défi des micropolluants
Les étapes de traitement mécanique et biologique permettent d’éliminer la majeure partie de la pollution présente dans les eaux usées. Il reste toutefois des substances dont seul un traitement supplémentaire peut venir à bout. C’est le cas des micropolluants que l’on retrouve dans les médicaments ou les pesticides, entre autres.« Nous ne sommes actuellement pas équipés pour traiter ces molécules chimiques, mais nous étudions différents procédés, notamment au charbon actif, pour pouvoir le faire. »